« Mobiliser c’est la base du projet »

 

Un Agenda 21 pour la résidence La forêt

Montgeron (91)

 

Début 2016, 1001 Vies Habitat, bailleur social avec lequel nous travaillons depuis plusieurs années, nous sollicite pour relancer la démarche d’« Agenda 21 » qu’il a initié en 2007 sur le quartier La Forêt à Montgeron.

L’objectif : accompagner la mise en place de projets collectifs sur l’environnement, le vivre ensemble ou encore la solidarité, afin d’améliorer le cadre de vie et renforcer le lien social dans cette résidence de plus de 900 logements.

Notre mission est d’animer et de faire vivre cette démarche dans la durée, avec la volonté d’y associer l’ensemble des citoyen.ne.s du quartier, y compris les enfants et les jeunes.

Définir un rôle clair pour chaque acteur tout en laissant la possibilité à chacun de prendre la place qu’il souhaite

Extérieurs au quartier, notre première préoccupation en nous lançant dans cette expérimentation était de comprendre le territoire et de connaître ses acteurs. La première rencontre a lieu en mai 2016, lors d’une réunion avec le centre social et quelques associations, organisée par le bailleur.

Tout restait cependant à construire…

Mettons-nous à la place des structures locales, notamment celles que nous n’avions pas encore rencontrées : qui est cette association qui commence à prendre de plus en plus de place dans le quartier ? Et pourquoi avoir fait appel à une structure extérieure ? Nous avons pu ressentir, parfois, un sentiment de méfiance, renforcé par le fait que notre rôle n’était pas très clair au départ : étions-nous là pour coordonner la démarche ou pour animer la mobilisation ?

Assez rapidement, nous nous sommes rendu.e.s compte qu’il devenait indispensable d’éclaircir notre positionnement, avec 1001 Vies Habitat d’abord, mais aussi avec l’ensemble des acteurs du quartier. A force de rencontres et de dialogue, nous avons montré que nous n’étions pas là pour « prendre leur place », mais au contraire pour créer une dynamique collective à laquelle ils étaient évidemment invités à prendre part. De fil en aiguille, nous avons réussi à instaurer une confiance. Les structures qui le souhaitaient ont pu prendre une place de plus en plus importante dans le processus, aussi parce qu’elles y trouvaient du sens par rapport à leurs propres actions. Un exemple ? Les liens de plus en plus forts qui commencent à se tisser avec le conseil citoyen, ou encore le « parcours reporter » que nous avons débuté fin 2018 avec un groupe d’ados. Ce projet co-construit avec une association très active dans le quartier permettra, nous l’espérons, d’associer des jeunes à la démarche d’Agenda 21 : sans cette collaboration, il n’aurait pu voir le jour !

Ces expériences nous ont montré que c’est uniquement en partant des dynamiques existantes sur le territoire et en incluant les principaux acteurs du quartier dès le début du processus que ceux-ci peuvent y trouver une place.

Ces éléments, certes essentiels, ne sont cependant pas les seuls facteurs de la réussite d’une démarche participative. Les « acteurs du quartier » ne se réduisent pas aux associations et collectifs déjà structurés : les citoyen.ne.s le sont aussi ! Celles et ceux qui ne sont pas encore engagé.e.s dans des projets collectifs peuvent le devenir grâce à la mobilisation.

Aller à la rencontre des gens là où ils sont

La méthodologie que nous avions proposée à 1001 Vies Habitat pour l’élaboration de cet « Agenda 21 » débutait par une phase intense de mobilisation et de diagnostic, de mai à septembre 2016. A travers des actions de rue et des animations festives, nous avons rencontré près de 200 personnes, de tout âge et tout profil. A travers un micro-trottoir ou des porteurs de paroles, nous les avons invitées à donner leurs idées et leurs envies de projets pour leur quartier : une manière de s’engager dans la démarche en donnant son avis !

Certain.e.s nous ont aussi laissé leurs contacts pour être tenu.e.s informé.e.s de la suite. La période printanière et estivale s’est montrée particulièrement propice à tous ces moments de rencontres en extérieur.

En septembre 2016, sortait également la première « gazette de l’agenda 21 », distribuée par les gardien.ne.s dans les boîtes aux lettres. A travers de courts articles et des photos, cet outil de communication bi-annuel est là pour donner de l’information sur les actions passées et à venir. C’est un moyen de garder le contact avec les personnes que nous rencontrons au fil des mois, mais aussi de donner envie à d’autres de participer.

Une « gazette » colorée et attrayante mobilise de façon continue et régulière. Elle ne remplace pas les actions de rue, elle les complète !

Rester convaincu que c’est petit à petit que les choses se mettent en place

Après cette première phase de mobilisation, nous avions ensuite programmé deux ateliers de concertation, ouverts à toutes les personnes intéressées par la démarche et souhaitant s’y investir. Ce temps d’échange devait être l’occasion de définir collectivement les grandes orientations de « l’Agenda 21 ». Peu de personnes ont répondu présentes : 6 femmes le matin, personne le soir ! Dur de ne pas se laisser gagner par la déception…

Pourtant, s’arrêter à ce bilan quantitatif aurait été dommage…

Avec les idées des habitant.e.s recueillies lors des différentes actions de mobilisation, rediscutées avec ces 6 personnes présentes et très motivées par la démarche, nous avions une base pour lancer les premières actions dans le quartier. Un enjeu crucial s’annonçait alors : que les actions réalisées en 2017 soient aussi un moyen de mobiliser de nouvelles personnes autour de « l’Agenda 21 ». Nous avions également à coeur que ces actions soient petit à petit véritablement co-portées par les citoyen.ne.s du quartier. Une vision de la participation citoyenne que nous avons réussi à faire accepter au bailleur partenaire !

Deux ans et demi après le démarrage du projet, on peut dire que c’est un pari réussi : la fête des voisins, le spectacle de théâtre, le « rallye du développement durable » ou encore la création de jeux au sol organisés dans le cadre de ce premier plan d’action ont bel et bien été l’occasion de fédérer de nouvelles personnes autour de la démarche. Et ce peut-être de façon encore plus forte que pendant la première phase de mobilisation, car par le biais de ces actions, « l’Agenda 21 » devenait bien plus concret !

Une fois un premier groupe mobilisé, l’action peut être un nouveau moyen de mobilisation.

« On a fait des réunions, on a pu partager ensemble ce qu’on avait envie de dire pour faire des choses dans la résidence. »

Valérie, habitante

De 2-3 personnes au départ, nous avons réussi aujourd’hui à constituer un « noyau » d’une dizaine de femmes très investies, qui viennent régulièrement aux réunions que nous animons pour accompagner la prise de décisions et la construction collective de « l’Agenda 21 ». Elles participent également aux différentes actions mises en oeuvre et à leur organisation, et mobilisent à leur tour d’autres personnes autour de la démarche. Certes, le groupe est encore loin d’être représentatif de l’ensemble des citoyen.ne.s du quartier. Mais il a su rassembler des personnes d’horizons différents, qui, comme Samia ou Marie-Jeanne, ont trouvé dans l’Agenda 21 un terreau pour nourrir leur engagement et sont fières de le partager !

Cette appropriation de la démarche par un nombre croissant d’habitant.e.s de La Forêt n’a été possible que parce qu’on a su se laisser surprendre par ce qui se créait au fil du temps. Si on imagine par avance les résultats du projet, comment donner une véritable place aux citoyen.ne.s et à chacune de leurs idées ?

De l’Agenda 21, rien n’était défini au départ, si ce n’est l’objectif d’améliorer le cadre de vie et le vivre ensemble. C’est ce qui a permis à celles et ceux qui le souhaitaient de devenir pleinement acteurs et actrices des décisions qui les concernent, à l’échelle de leur quartier. Une belle expérience de démocratie inspirante pour le reste du territoire !

« Dans d’autres quartiers, c’est le bailleur qui impose des actions, alors que là, le projet prend vraiment en compte l’avis des habitants. »

Samia, habitante


 

Ce qu’on retient de cette expérience

  • Bien définir le rôle de chaque acteur au sein de la démarche, tout en laissant la possibilité à chacun.e de prendre la place qu’il/elle souhaite
  • Ne pas définir d’avance les résultats de la démarche

  • S’appuyer sur les dynamiques existantes sur le territoire
  • Inclure les principaux acteurs du territoire dès le début de la démarche
  • Prendre le temps de se connaître

  • Aller à la rencontre des citoyen.ne.s par des actions de rue, de préférence aux beaux jours
  • Varier les formats et les canaux de communication
  • Penser la mobilisation dans le temps et ne pas se décourager si la mobilisation n’est pas très forte au départ

  • Laisser la possibilité à de nouvelles personnes de rejoindre le groupe « noyau »  à tout moment tout au long du projet

  • Profiter des premières actions mises en oeuvre à l’issue de la concertation pour poursuivre la mobilisation

  • Laisser un temps suffisant pour que petit à petit, la démarche soit portée par les citoyen.ne.s

 

Les acteurs de cette expérience

Le conseil citoyen, les associations et les résident.e.s de La Forêt

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